Khadafi et l'unité africaine
La nomination de Khadafi à la tête de l'Union africaine ne déride toujours pas les Africains opposés au Gouverment de l'Union. Alors, plus que son empressement suspect, le passé du Guide libyen est-il un frein à l'unité africaine ?
Terroriste un Jour,
Terroriste Toujours ?
Terroriste Toujours ?
Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue
Après les Etats-Unis, le 11 septembre, l'Afrique a fêté dans la discrétion son 19 novembre, 2009 marquant le 20ème anniversaire de l'attentat du DC 10 de l'Union des Transporteurs aériens (Uta) ; il coûta la vie à 170 passagers et membres d'équipages du vol UT-772 reliant Brazzaville (capitale du Congo) à Paris, via N'Djaména au Tchad le 19 septembre 1989. Il a explosé au-dessus du désert du Ténéré au Niger.
L'histoire et les Encyclopédies (Wikipédia) retiennent que, parmi les victimes, figuraient 54 Français (dont le père de Guillaume Denoix de Saint Marc et la femme de l'ancien joueur de tennis Éric Deblicker ainsi que Jean-Pierre Hennequin), 48 ressortissants de la République du Congo, 25 Tchadiens (parmi lesquels le Mmnistre du Plan et de la Coopération), 9 Italiens, 7 Américains (parmi lesquels l'épouse de l'Ambassadeur des États-Unis au Tchad), 5 Camerounais, 4 Britanniques, 3 ressortissants de l'actuelle République démocratique du Congo (alors Zaïre), 3 Canadiens, 2 Centre-Africains, 2 Maliens, 2 Suisses, un Algérien, un Belge, un Bolivien, un Grec, un Marocain et, pour ce qui nous touche plus directement, un Sénégalais.
Ironie de l'Histoire, cette commémoration « oubliée » est survenue deux semaines après la libération d'Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie (Ecosse) atteint d'un cancer en phase terminale ; l'attentat contre un Boeing 747 de la compagnie américaine « Pan Am », qui a explosé le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, une petite ville écossaise, faisait 270 morts, en majorité américains. Megrahi avait été condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais à l'issue d'un procès qui s'était tenu aux Pays-Bas. Le Libyen de 57 ans avait déposé le mois dernier une demande de libération pour raisons médicales. De son côté, Tripoli avait sollicité en mai son transfèrement dans une prison libyenne en vertu d'un accord signé entre Londres et la Libye.
Megrahi doit mourir dans trois mois. Toutes ses victimes sont mortes il y a plus de 20 ans, délibérément assassinées par un régime passé maître dans le terrorisme international et qui cherche aujourd'hui à s'absoudre...grâce au pétrole.
Les relations libyennes avec les Occidentaux ont en effet commencé à se réchauffer en 2003 avec l'annonce de Tripoli de renoncer aux armes de destruction massive et l'acceptation de verser des compensations aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, en Ecosse. Avec les plus grandes réserves de pétrole prouvées d'Afrique, le Guide libyen n'a aucune difficulté d'aucune sorte à se refaire une nouvelle virginité.
Ainsi, la nature, la culture, la politique et la diplomatie africaines sont aux ordres de Tripoli dépité de la politique arabe et qui, depuis le sommet de Syrte du 9 septembre 1999 (9.9.99), rêve de parfaire un vieil hobby qu'il n'avait su réaliser au début des années 70 avec l'Egypte, une unité entre Etats, principalement entre les Nations africaines. A Syrte, chez lui, les dirigeants africains sont parvenus le 3 juillet dernier à un compromis pour créer une "Autorité" commune qui "coordonnera" les politiques de défense et les relations internationales, mais sans les pouvoirs étendus souhaités par Mouammar Kadhafi devenu par la force des choses président en exercice de l'Union africaine.
Ce résultat du 12è sommet de février dernier veut en effet passer pour...pertes et profits le fait que l'Afrique combattante est sortie meurtrie de sa guerre d'indépendance en faisant sauter le bouclier raciste du sud ; c'était une des vocations majeures de l'Organisation de l'Unité africaine (Oua) à ses débuts. Cette même Afrique ayant souffert dans sa chair a résisté au sempiternel chant des sirènes libyennes et sénégalaises en modérant le projet de gouvernement de l'Union du Guide de la Jamahariya arabe et socialiste : le nouveau Négus traditionaliste, le Roi des Rois couronné en terre de Salomon et de la reine de Saba, appuyé par l'éternel Sénégal, a bien insisté sur son hobby d'autant avec toutes les argumentations nécessaires, rien n'y a fait, à Addis Abeba, en ce début du mois de février 2009. L'année nouvelle n'a donc pas plus porté chance à Khadaffi que 1982 lorsque, sous le prétexte d'une intégration de la République arabe sahraouie démocratique, une certaine Afrique rejetait déjà Tripoli et ses responsables qui se cherchaient (déjà) une nouvelle honorabilité.
Au-delà de l'opposition "totalité-cercles concentriques sous-régionaux", c'est dans les faits la marche à la démocratie qui ne se conçoit pas avec l'homme de Tripoli : en fustigeant le modèle démocratique qui "n'a apporté que le chaos en Afrique,", au contraire d'une "progression du continent noir vers un gouvernement fédéral" qui "apporte une lueur d'espoir", le dirigeant libyen ne faisait le 04 février dernier que renforcer le camp de ceux qui se méfient de ses appétits. Surtout que le Maghreb actuel n'est pas une référence en matière de droits de l'homme : l'intégrisme et l'intolérance religieuse y sévissent partiellement (Egypte, Maroc, Algérie) et la trop forte prégnance de l'Etat sur les individus étouffe les autres (Libye, Tunisie).
Elu pratiquement faute de mieux pour respecter la règle de l'Union africaine d'une présidence tournante revenue cette année au Maghreb, le nouveau Négus libyen sacré en terre éthiopienne où il se fait désormais appeler "Le Roi des Rois Traditionnels d'Afrique" n'a pas levé l'hypothèque qui pèse sur le gouvernement de l'Union auquel il se consacre principalement depuis le sommet de Syrte du 9 septembre 1999."Nous n'avons aucune structure politique (en Afrique), nos structures sont sociales", a déclaré Mouammar Kadhafi lors d'une conférence de presse en clôture du sommet de l'UA à Addis-Abeba. "Nos partis, ce sont les partis tribaux, et cela a conduit à des bains de sang."
Mais Syrte se place dans le continuum de La Baule, du Mur de Berlin, du Vent d'Est et de leurs conséquences sur la densité morale des populations africaines gagnées pour la volonté d'élargir et d'approfondir les espaces de libertés individuelles et collectives : les bouleversements issus de la fin des années 80 s'opposent au règne du clan et à Kadaffi dans l'esprit d'une Afrique plus à gauche, dans sa partie australe, et qui sert de référentiel à la jeunesse du continent en bute à un lendemain incertain et qui veut se nourrir de sa part de rêves : ertains pays, emmenés par l'Afrique du Sud, ont rejeté ce projet et évoqué une perspective éloignée et irréaliste.
En outre, comme pour faire bonne mesure et montrer le peu d'emprise et de liberté de certains, les gouvernements africains, dans leur majorité vénielle et vénale, sont sensibles aux pressions de la part des donateurs, qui conditionnent leurs aides à l'avancée des réformes démocratiques et à la tenue d'élections libres, indépendantes et pluripartites.
Alors, parce que la dignité, la respectabilité et la mémoire de nos martyrs ne se monnaient pas, l'idée est toujours là, généreuse, mais difficile à réaliser pour le moment avec le passé de la Libye qui vient de fêter en grandes pompes les 40 ans du règne de Khadaffi. Donc la route reste toujours longue : qu'on s'en souvienne : le sommet de l'organisation panafricaine, prévu à Tripoli (Libye) en août 1982, s'était révélé un rendez-vous manqué. Pis encore : le problème du Sahara occidental avait réveillé le vieux démon du clivage progressistes contre modérés à propos de l'admission ou non de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) comme membre à part entière de l'OUA. Bien que l'organisation en ait connu bien d'autres, cette crise était la plus grave, les deux clans rejetant toute concession.
1982 : Le 19ème sommet prévu à Tripoli est reporté à deux reprises, faute de quorum : en août, boycotté par le Maroc et 18 pays africains en raison de la présence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et en novembre, en raison du problème de la représentation du Tchad.
Les conflits du Sahara occidental, opposant le Maroc au Front Polisario, et du Tchad, qui susciteront de multiples comités de bons offices et des réunions marathon, ont divisé les Africains et failli faire éclater l'OUA.
- 12-15 nov 1984 : La RASD siège pour la première fois en tant que membre à part entière. Le Maroc se retire de l'OUA.
L'histoire et les Encyclopédies (Wikipédia) retiennent que, parmi les victimes, figuraient 54 Français (dont le père de Guillaume Denoix de Saint Marc et la femme de l'ancien joueur de tennis Éric Deblicker ainsi que Jean-Pierre Hennequin), 48 ressortissants de la République du Congo, 25 Tchadiens (parmi lesquels le Mmnistre du Plan et de la Coopération), 9 Italiens, 7 Américains (parmi lesquels l'épouse de l'Ambassadeur des États-Unis au Tchad), 5 Camerounais, 4 Britanniques, 3 ressortissants de l'actuelle République démocratique du Congo (alors Zaïre), 3 Canadiens, 2 Centre-Africains, 2 Maliens, 2 Suisses, un Algérien, un Belge, un Bolivien, un Grec, un Marocain et, pour ce qui nous touche plus directement, un Sénégalais.
Ironie de l'Histoire, cette commémoration « oubliée » est survenue deux semaines après la libération d'Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie (Ecosse) atteint d'un cancer en phase terminale ; l'attentat contre un Boeing 747 de la compagnie américaine « Pan Am », qui a explosé le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, une petite ville écossaise, faisait 270 morts, en majorité américains. Megrahi avait été condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais à l'issue d'un procès qui s'était tenu aux Pays-Bas. Le Libyen de 57 ans avait déposé le mois dernier une demande de libération pour raisons médicales. De son côté, Tripoli avait sollicité en mai son transfèrement dans une prison libyenne en vertu d'un accord signé entre Londres et la Libye.
Megrahi doit mourir dans trois mois. Toutes ses victimes sont mortes il y a plus de 20 ans, délibérément assassinées par un régime passé maître dans le terrorisme international et qui cherche aujourd'hui à s'absoudre...grâce au pétrole.
Les relations libyennes avec les Occidentaux ont en effet commencé à se réchauffer en 2003 avec l'annonce de Tripoli de renoncer aux armes de destruction massive et l'acceptation de verser des compensations aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, en Ecosse. Avec les plus grandes réserves de pétrole prouvées d'Afrique, le Guide libyen n'a aucune difficulté d'aucune sorte à se refaire une nouvelle virginité.
Ainsi, la nature, la culture, la politique et la diplomatie africaines sont aux ordres de Tripoli dépité de la politique arabe et qui, depuis le sommet de Syrte du 9 septembre 1999 (9.9.99), rêve de parfaire un vieil hobby qu'il n'avait su réaliser au début des années 70 avec l'Egypte, une unité entre Etats, principalement entre les Nations africaines. A Syrte, chez lui, les dirigeants africains sont parvenus le 3 juillet dernier à un compromis pour créer une "Autorité" commune qui "coordonnera" les politiques de défense et les relations internationales, mais sans les pouvoirs étendus souhaités par Mouammar Kadhafi devenu par la force des choses président en exercice de l'Union africaine.
Ce résultat du 12è sommet de février dernier veut en effet passer pour...pertes et profits le fait que l'Afrique combattante est sortie meurtrie de sa guerre d'indépendance en faisant sauter le bouclier raciste du sud ; c'était une des vocations majeures de l'Organisation de l'Unité africaine (Oua) à ses débuts. Cette même Afrique ayant souffert dans sa chair a résisté au sempiternel chant des sirènes libyennes et sénégalaises en modérant le projet de gouvernement de l'Union du Guide de la Jamahariya arabe et socialiste : le nouveau Négus traditionaliste, le Roi des Rois couronné en terre de Salomon et de la reine de Saba, appuyé par l'éternel Sénégal, a bien insisté sur son hobby d'autant avec toutes les argumentations nécessaires, rien n'y a fait, à Addis Abeba, en ce début du mois de février 2009. L'année nouvelle n'a donc pas plus porté chance à Khadaffi que 1982 lorsque, sous le prétexte d'une intégration de la République arabe sahraouie démocratique, une certaine Afrique rejetait déjà Tripoli et ses responsables qui se cherchaient (déjà) une nouvelle honorabilité.
Au-delà de l'opposition "totalité-cercles concentriques sous-régionaux", c'est dans les faits la marche à la démocratie qui ne se conçoit pas avec l'homme de Tripoli : en fustigeant le modèle démocratique qui "n'a apporté que le chaos en Afrique,", au contraire d'une "progression du continent noir vers un gouvernement fédéral" qui "apporte une lueur d'espoir", le dirigeant libyen ne faisait le 04 février dernier que renforcer le camp de ceux qui se méfient de ses appétits. Surtout que le Maghreb actuel n'est pas une référence en matière de droits de l'homme : l'intégrisme et l'intolérance religieuse y sévissent partiellement (Egypte, Maroc, Algérie) et la trop forte prégnance de l'Etat sur les individus étouffe les autres (Libye, Tunisie).
Elu pratiquement faute de mieux pour respecter la règle de l'Union africaine d'une présidence tournante revenue cette année au Maghreb, le nouveau Négus libyen sacré en terre éthiopienne où il se fait désormais appeler "Le Roi des Rois Traditionnels d'Afrique" n'a pas levé l'hypothèque qui pèse sur le gouvernement de l'Union auquel il se consacre principalement depuis le sommet de Syrte du 9 septembre 1999."Nous n'avons aucune structure politique (en Afrique), nos structures sont sociales", a déclaré Mouammar Kadhafi lors d'une conférence de presse en clôture du sommet de l'UA à Addis-Abeba. "Nos partis, ce sont les partis tribaux, et cela a conduit à des bains de sang."
Mais Syrte se place dans le continuum de La Baule, du Mur de Berlin, du Vent d'Est et de leurs conséquences sur la densité morale des populations africaines gagnées pour la volonté d'élargir et d'approfondir les espaces de libertés individuelles et collectives : les bouleversements issus de la fin des années 80 s'opposent au règne du clan et à Kadaffi dans l'esprit d'une Afrique plus à gauche, dans sa partie australe, et qui sert de référentiel à la jeunesse du continent en bute à un lendemain incertain et qui veut se nourrir de sa part de rêves : ertains pays, emmenés par l'Afrique du Sud, ont rejeté ce projet et évoqué une perspective éloignée et irréaliste.
En outre, comme pour faire bonne mesure et montrer le peu d'emprise et de liberté de certains, les gouvernements africains, dans leur majorité vénielle et vénale, sont sensibles aux pressions de la part des donateurs, qui conditionnent leurs aides à l'avancée des réformes démocratiques et à la tenue d'élections libres, indépendantes et pluripartites.
Alors, parce que la dignité, la respectabilité et la mémoire de nos martyrs ne se monnaient pas, l'idée est toujours là, généreuse, mais difficile à réaliser pour le moment avec le passé de la Libye qui vient de fêter en grandes pompes les 40 ans du règne de Khadaffi. Donc la route reste toujours longue : qu'on s'en souvienne : le sommet de l'organisation panafricaine, prévu à Tripoli (Libye) en août 1982, s'était révélé un rendez-vous manqué. Pis encore : le problème du Sahara occidental avait réveillé le vieux démon du clivage progressistes contre modérés à propos de l'admission ou non de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) comme membre à part entière de l'OUA. Bien que l'organisation en ait connu bien d'autres, cette crise était la plus grave, les deux clans rejetant toute concession.
1982 : Le 19ème sommet prévu à Tripoli est reporté à deux reprises, faute de quorum : en août, boycotté par le Maroc et 18 pays africains en raison de la présence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et en novembre, en raison du problème de la représentation du Tchad.
Les conflits du Sahara occidental, opposant le Maroc au Front Polisario, et du Tchad, qui susciteront de multiples comités de bons offices et des réunions marathon, ont divisé les Africains et failli faire éclater l'OUA.
- 12-15 nov 1984 : La RASD siège pour la première fois en tant que membre à part entière. Le Maroc se retire de l'OUA.
________________________________________
________________________________________
Partage