Violences dirigées vers le Palais de la République et vers Me Wade
Les violences dirigées vers le Palais de la République et son locataire sont l'oeuvre d'une âme en deuil de son idéal. Exercées pour le moment par des individus à la veille de rupture psychologique ou franchement extasiés, elles pourraient libérer les pulsions de sains d'esprit contre le père et son fils.
Au Nom du Père, du Fils
et du Sain d'Esprit
et du Sain d'Esprit
Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue
Journaliste, sociologue
En l'espace d'une semaine, entre le 18 et le 25 novembre, des actes apparemment irréfléchis ont été posés en direction du président de la République, à Pikine, et de son fils et successeur présumé, Karim Wade.Ils s'ajoutent à des violences perpétrées dans la zone de détention et de dévolution du pouvoir, le Palais de la République, et au siège de la société du fils de son père, celui de l'Agence nationale pour l'Organisation de la Conférence Islamique (Anoci), acronyme qu'on a voulu perpétuer sous d'autres déclinaisons.
Dans les deux cas, on a prétendu avoir affaire à des déséquilibrés, terme commode lorsqu'une société ne veut regarder une autre forme de réalité décidée par la déviance sociale grandissante au Sénégal depuis l'alternance de mars 2000, le déséquilibre mental qui a "extasié" nombre de compatriotes naguère très BCBG.
Ainsi, un individu s'est immolé par le feu devant la présidence de la République, rappelant un autre bonze bien sénégalais, même s'il a choisi l'Italie pour accomplir le même geste, plus, enfin et provisoirement, un certain Saliou Guèye qui aurait envoyé des missives à des responsables sénégalais pour expliquer qu'il s'aspergerait d'essence le 27 novembre 2008 devant les grilles du palais pour se faire griller ; l'endroit sera interdit aux piétons ce jour-là, de l'annexe aux environs de l'hôpital "Principal", et ceci dans les deux sens et sur les deux trottoirs. Moustapha Niass de l'Alliance des Forces de Progrès (Afp) parviendra à le dérider en promettant de venir à son secours, pour une dette de près de deux millions que Guèye ne pouvait à honorer ("L'As" n° 968 du 28 novembre 2008).
La conjonction de dysfonctionnement économiques (les tensions de trésorerie des économistes) à fortes conséquences sociales (les pénuries, délestages et autres vérités des prix et mal-gouvernance) a abouti à une violence observée exactement il y a un an avec les marchands ambulants, mais aussi avec la descente des populations dakaroises dans la rue, le 06 juin et le 11 octobre 2008.
Ces attitudes extrêmes, dans un cas comme dans un autre, traduisent un mal-vivre qui a entraîné des bouleversements sociaux et des déséquilibres dans le comportement de l'individu social qui décide de transgresser à son tour des règles que l'autorité a établies sans les respecter elle-même : l'Etat a été incapable d'organiser des espaces d'évolution en faveur de sans-emploi qui essaient de s'en sortir tout seuls ; il n'a pas su assurer le bien-être des individus par une offre continue de service dans le secteur de l'électricité ; il n'a pas su susciter les conditions de participation honorable de l'équipe nationale du Sénégal, etc... La conséquence immédiate en a été une nouvelle forme de réappropriation du droit à des services que l'Etat est apparemment incapable d'assurer dans la continuité. Alors que, sur un autre plan visité par la durée, les difficultés de gestion du temps et de l'espace ont fini par déséquilibrer nombre de Sénégalais dans leur vie individuelle et collective.
En processus de survie honorable dans un milieu hostile, le Sénégalais est devenu dans la réalité identique à l'aliéné mental qui nous parle de sa société à l'envers : ils font tous du sacré du profane et inversement. Si l'aliéné rejoint là des normes qu'il établit lui seul, face à une société qui n'a pas su le sauver de son âme en deuil d'un idéal de réussite autour des cinq fonctions animales fondamentales : se loger, se nourrir, s'habiller, procréer et, éventuellement, se divertir, le « normal » se plaît à certains moments à rompre les amarres pour crier sa crainte d'être réduit au même état mental à force de privation et de tentative de castration.
Le Sénégal d'aujourd'hui présente des difficultés particulières dans ces secteurs et des études ont prouvé que des pères de famille fuguent régulièrement en laissant près d'une dizaine d'enfants à la charge de leur mère parce que incapables de faire face à ce qui faisait leur autorité : la puissance de l'argent ; aussi la pauvreté se féminise-t-elle de plus en plus ; de même, les services psychaitriques reçoivent environ 2.000 individus par an an qui se sentent mal dans leur peau après un départ "volontaire" peu réussi, sans parler des consultations d'enfants rongés par l'anxiété d'un futur...sans lendemain. Ainsi, sur une population majoritairement féminine au niveau des ménages (4.123.759 contre 3.760.498 hommes), les 777.931 chefs de ménage comprennent désormais 20% de femmes (ESAM, 1991). Depuis, les choses n'ont pas évolué dans le bon sens, surtout après vingt années de sacrifices imposés aux Sénégalais par le régime socialiste. C'est sous cet angle qu'il faudrait essayer de comprendre le repli sur soi du Sénégalais moyen qui ressasse sans cesse sa ranc½ur, après un Eldorado rêvé en 2000.
Le Professeur Henri Collomb quki fait notorité dans le domaine esplique que "La folie interroge l'homme et la société lui répond de façon différente", rapporte un éminent psychiâtre sénégalais (Pr Omar Sylla, "Le Devoir", Dakar, volume 3, n° 1, 29 novembre 1991, pages 4 et 5). Ce déchirement intérieur a créé un chaos dans l'esprit des Sénégalais moyens qui ne reculent plus dans leur volonté de remettre à l'endroit ce qu'ils pensent avoir été bousculé par les tenants du pouvoir actuel. En fonction de leur capacité plus ou moins grande de résistance, ils passent du souhait à l'acte ou pas : Kéba à Dakar, une dame en Italie, l'incident de Pikine avec la tentative d'assassinat présumée et les menaces de Saliou Guèye qui vont avoir de plus en plus d'influence sur quelques Sénégalais dans leur désir secret d'en découdre avec le pouvoir. Ils seront passés par plusieurs étapes dans leur longue marche vers la dissidence mentale et sociale, du « burn out » au "worm lout » des psychologues.
Au lendemain du 30 mars 1981, les services de renseignements américains (Fbi) ont recensé et arrêté un certain nombre d'individus ayant avoué leur aversion pour le président de l'époque et leur volonté de mettre fin à son administration ; John Hinckley avait traduit en acte le v½u secret de nombre de ses compatriotes de se débarrasser de Ronald Reagan. Dans une société à la densité morale peu forte comme le Sénégal, l'extériorité à soi crée une sorte de halo de protection de l'individu : la famille et, surtout, la religion, retardent le saut dans l'inconnu en imposant le « nous » au « je ». Théoriquement. Depuis environ une génération (1988), cette assertion ne tient plus.
Si le monde est un chaos permanent, l'action de l'homme est de lui donner un sens, à ce monde bouleversé. Par un métabolisme qui permet de mieux gérer le temps social et l'espace. Aujoud'hui, les ruptures dans la satisfation des besoins essentiels ont entraîné de plus en plus de césures avec l'entourage immédiat et la négation d'un ensemble de références collectivement partagé. Et ce sont les alliénés dont la société et la morale, c'est-à-dire le droit sont complices qui indiquent la voie à suivre aux sains d'esprit dans leur vision du père symbolique (PR : président de la République) et du fils.
Dans les deux cas, on a prétendu avoir affaire à des déséquilibrés, terme commode lorsqu'une société ne veut regarder une autre forme de réalité décidée par la déviance sociale grandissante au Sénégal depuis l'alternance de mars 2000, le déséquilibre mental qui a "extasié" nombre de compatriotes naguère très BCBG.
Ainsi, un individu s'est immolé par le feu devant la présidence de la République, rappelant un autre bonze bien sénégalais, même s'il a choisi l'Italie pour accomplir le même geste, plus, enfin et provisoirement, un certain Saliou Guèye qui aurait envoyé des missives à des responsables sénégalais pour expliquer qu'il s'aspergerait d'essence le 27 novembre 2008 devant les grilles du palais pour se faire griller ; l'endroit sera interdit aux piétons ce jour-là, de l'annexe aux environs de l'hôpital "Principal", et ceci dans les deux sens et sur les deux trottoirs. Moustapha Niass de l'Alliance des Forces de Progrès (Afp) parviendra à le dérider en promettant de venir à son secours, pour une dette de près de deux millions que Guèye ne pouvait à honorer ("L'As" n° 968 du 28 novembre 2008).
La conjonction de dysfonctionnement économiques (les tensions de trésorerie des économistes) à fortes conséquences sociales (les pénuries, délestages et autres vérités des prix et mal-gouvernance) a abouti à une violence observée exactement il y a un an avec les marchands ambulants, mais aussi avec la descente des populations dakaroises dans la rue, le 06 juin et le 11 octobre 2008.
Ces attitudes extrêmes, dans un cas comme dans un autre, traduisent un mal-vivre qui a entraîné des bouleversements sociaux et des déséquilibres dans le comportement de l'individu social qui décide de transgresser à son tour des règles que l'autorité a établies sans les respecter elle-même : l'Etat a été incapable d'organiser des espaces d'évolution en faveur de sans-emploi qui essaient de s'en sortir tout seuls ; il n'a pas su assurer le bien-être des individus par une offre continue de service dans le secteur de l'électricité ; il n'a pas su susciter les conditions de participation honorable de l'équipe nationale du Sénégal, etc... La conséquence immédiate en a été une nouvelle forme de réappropriation du droit à des services que l'Etat est apparemment incapable d'assurer dans la continuité. Alors que, sur un autre plan visité par la durée, les difficultés de gestion du temps et de l'espace ont fini par déséquilibrer nombre de Sénégalais dans leur vie individuelle et collective.
En processus de survie honorable dans un milieu hostile, le Sénégalais est devenu dans la réalité identique à l'aliéné mental qui nous parle de sa société à l'envers : ils font tous du sacré du profane et inversement. Si l'aliéné rejoint là des normes qu'il établit lui seul, face à une société qui n'a pas su le sauver de son âme en deuil d'un idéal de réussite autour des cinq fonctions animales fondamentales : se loger, se nourrir, s'habiller, procréer et, éventuellement, se divertir, le « normal » se plaît à certains moments à rompre les amarres pour crier sa crainte d'être réduit au même état mental à force de privation et de tentative de castration.
Le Sénégal d'aujourd'hui présente des difficultés particulières dans ces secteurs et des études ont prouvé que des pères de famille fuguent régulièrement en laissant près d'une dizaine d'enfants à la charge de leur mère parce que incapables de faire face à ce qui faisait leur autorité : la puissance de l'argent ; aussi la pauvreté se féminise-t-elle de plus en plus ; de même, les services psychaitriques reçoivent environ 2.000 individus par an an qui se sentent mal dans leur peau après un départ "volontaire" peu réussi, sans parler des consultations d'enfants rongés par l'anxiété d'un futur...sans lendemain. Ainsi, sur une population majoritairement féminine au niveau des ménages (4.123.759 contre 3.760.498 hommes), les 777.931 chefs de ménage comprennent désormais 20% de femmes (ESAM, 1991). Depuis, les choses n'ont pas évolué dans le bon sens, surtout après vingt années de sacrifices imposés aux Sénégalais par le régime socialiste. C'est sous cet angle qu'il faudrait essayer de comprendre le repli sur soi du Sénégalais moyen qui ressasse sans cesse sa ranc½ur, après un Eldorado rêvé en 2000.
Le Professeur Henri Collomb quki fait notorité dans le domaine esplique que "La folie interroge l'homme et la société lui répond de façon différente", rapporte un éminent psychiâtre sénégalais (Pr Omar Sylla, "Le Devoir", Dakar, volume 3, n° 1, 29 novembre 1991, pages 4 et 5). Ce déchirement intérieur a créé un chaos dans l'esprit des Sénégalais moyens qui ne reculent plus dans leur volonté de remettre à l'endroit ce qu'ils pensent avoir été bousculé par les tenants du pouvoir actuel. En fonction de leur capacité plus ou moins grande de résistance, ils passent du souhait à l'acte ou pas : Kéba à Dakar, une dame en Italie, l'incident de Pikine avec la tentative d'assassinat présumée et les menaces de Saliou Guèye qui vont avoir de plus en plus d'influence sur quelques Sénégalais dans leur désir secret d'en découdre avec le pouvoir. Ils seront passés par plusieurs étapes dans leur longue marche vers la dissidence mentale et sociale, du « burn out » au "worm lout » des psychologues.
Au lendemain du 30 mars 1981, les services de renseignements américains (Fbi) ont recensé et arrêté un certain nombre d'individus ayant avoué leur aversion pour le président de l'époque et leur volonté de mettre fin à son administration ; John Hinckley avait traduit en acte le v½u secret de nombre de ses compatriotes de se débarrasser de Ronald Reagan. Dans une société à la densité morale peu forte comme le Sénégal, l'extériorité à soi crée une sorte de halo de protection de l'individu : la famille et, surtout, la religion, retardent le saut dans l'inconnu en imposant le « nous » au « je ». Théoriquement. Depuis environ une génération (1988), cette assertion ne tient plus.
Si le monde est un chaos permanent, l'action de l'homme est de lui donner un sens, à ce monde bouleversé. Par un métabolisme qui permet de mieux gérer le temps social et l'espace. Aujoud'hui, les ruptures dans la satisfation des besoins essentiels ont entraîné de plus en plus de césures avec l'entourage immédiat et la négation d'un ensemble de références collectivement partagé. Et ce sont les alliénés dont la société et la morale, c'est-à-dire le droit sont complices qui indiquent la voie à suivre aux sains d'esprit dans leur vision du père symbolique (PR : président de la République) et du fils.
NOTE
L'Observateur n° 1556 du 27 novembre a consacré un important dossier à ce sujet, en pages 6 et 7.
Partage